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Je passais souvent devant un dépôt de charbon ,là j'apercevais une voiture ancienne "Renault 1925 cabriolet .Comment faire pour entrer en relation avec le propriétaire ,je pensais que c'était un milieu inaccessible pour des gens de milieu modeste comme moi .Et voilà qu'un jour ,un collègue de travail me demande si je serais d'accord pour expliquer comment utiliser les machines à bois ,au propriétaire de la voiture ancienne nommée ci-dessus .Une aubaine ! et me voilà chez lui le soir même .Là ,surprise ,le gars est de même condition que moi donc le contact à été plus aisé .Il m'explique ce qu'il attend de moi tout en m'expliquant que lorsque l'on a pas les moyens financiers d'acquérir une voiture ancienne ,le mieux est d'en restaurer une soi-même et voilà comment il en possède plusieurs .Faut-il encore en être capable !.Je me propose donc de participer à la restauration du véhicule en cours de remontage .J'accumule un maximum de renseignements et de conseils et je pars à mon tour à la recherche d'un tacot à restaurer ,pas la peine de rechercher une "Delage 1910" c'est presque introuvable et ce serait hors de prix pour ma bourse .Je me contenterai d'un véhicule plus modeste ,le principal pour moi c'est de pouvoir réaliser ce vieux rêve "conduire et bichonner un tacot"

Deux mois de recherche intense, qui m'ont permis de connaître la région et les prix pratiqués .On s'imagine toujours avoir la fortune au fond de la grange où contre une haie sous prétexte que c'est une voiture ancienne alors qu'elle est en pleine décomposition . Sur les renseignements d'un ami ,je me retrouve à l'intérieur d'un garage au pied des Gorges d'Eric (34) en compagnie d'une vieille voiture et de son propriétaire . Le prix demandé étant correct ,l'affaire réalisée ,la voiture part sur une remorque ,vers chez le nouveau propriétaire .Et c'est là qu'elle commence à avoir  la visite des voisins et à entendre des commentaires divers ,sous forme de boutades bien sûr ,"tu es ferrailleur maintenant ? Tu t'es trompé ,la casse-auto n'est pas ici ! si tu la laisses là ,les ronces et les orties vont pousser de partout !...........etc....... et moi de répondre :que diriez vous si un jour je vous propose de faire une balade avec ?? "

Bien sûr les puristes vont crier au scandale .Je les respecte comme je respecte leur point de vue .Si un véhicule restauré avec des moyens considérables doit rester dans un garage sans rouler où si peu ,c'est comme une femme qui aurait une rivière de diamants bien cachée au fond d'un coffre-fort ,chacun prend son plaisir comme il le conçoit .Le mien est d'avoir un véhicule ancien ,agréable à regarder ,d'écouter le ronflement du moteur ,de le piloter ,de faire le double débrayage pour passer les vitesses sans les faire craquer ,le  contrôle rituel des niveaux avant de tourner la manivelle , et ,même si des éléments ne s'ont pas d'origine ,peu m'importe ,cela n'empêche point de réaliser de belles et agréables ballades sans avoir le souci d'user ou de salir , un véhicule est conçu pour rouler . .............................quant à participer à la conservation du patrimoine , je vous dis"Chapeau"

Les 2 cv , 4 cv , aronde ..............sont venues et pour ne pas mettre immédiatement les voitures démodées au rebut , de berlines elles ont été transformées en véhicules utilitaires , et malgré leur âge , elles serviront encore longtemps .Après avoir minutieusement ausculté la C4 F je me décide enfin à commencer . Je démonte le plateau et les ridelles , la séparation du plateau avec la cabine , je sors les sièges , je dégonde les portières , je retire les phares , les ailes et le capot moteur , le pare-brise ..........Arrive le moteur : étant un profane dans tout ce qui est mécanique et électricité automobile ,je repère donc les départs et les arrivées des fils entre le moteur et le tableau de bord ( surprise , je découvre sous le tableau ,un squelette de rat coincé entre les fils et les câbles ). Jugeant que ces fils ne pourront pas être réutilisés et que le repérage devient complexe ,je décide de tout retirer , ,je me débrouillerais comme je pourrais lors du remontage . Évidemment le moteur était bloqué ,impossible de le faire tourner . Si jusque là je ne faisais que la vidange de la" Peugeot 305" de crainte de commettre une quelconque erreur irréparable , me voilà dans le démontage de la culasse . Bien sûr , 2 pistons sur 4 étaient remplis de résidus de rouille ,je nettoie et je rempli les 2 cylindres de produits divers qui n'eûrent aucun effet  puisque les segments faisaient une étanchéité parfaite avec les cylindres . Eh bien, me voilà dans de beaux draps, me dis-je ,que faire sinon continuer à démonter et je verrai bien après ! Là il me faut travailler sur un établi , je désaccouple le moteur de la boite à vitesse , elle-même du cardan et lui-même du différentiel du pont arrière : maintenant la voiture n'est plus qu'un châssis avec des roues et un volant de conduite .

     Je retire le carter d'huile moteur et là je constate que la pompe à huile ,le vilebrequin et les pieds de bielle baignent  dans une huile devenue une pâte bien consistante . Après raclage et lessivage à l'essence , je continue par le démontage (vilebrequin ,pompe à huile ,coussinets de bielle ,2 pistons arrivent enfin à descendre) .Mais 2 pistons restent en place ,ils ne veulent rien savoir et c'est là que je vais utiliser les grands moyens .Je fabrique un cylindre en bois ,le pose sur un piston et je frappe dessus à l'aide d'une masse de 4 kg .Enfin ,une amorce de descente ,millimètre par millimètre ,pour se libérer 9 centimètres plus bas .Apparemment, rien de cassé donc je continue par l'extraction de l'autre piston .Maintenant ,le moteur est entièrement en pièces détachées ,il faut tout laver à l'essence ,déboucher toutes les canalisations de graissage interne du moteur ,roder les soupapes et effectuer leur réglage ,changer les segments .........après plusieurs week-end et soirées tardives ,me voilà fin prêt pour le remontage de la partie  moteur. Une revue technique trouvée à une bourse d'échange ,me sera d'une aide précieuse .           Je commence donc par les pistons   avec l'aide d'un serre segments , le vilebrequin et fixation des pieds de bielle avec les coussinets en bronze , la pompe à huile et je ferme la partie basse avec le carter moteur en intercalant un joint papier et du joint bleu pour assurer une étanchéité parfaite . J'assemble les pipes d'échappement et le carburateur avec le bloc moteur . Je pose la culasse en intercalant un joint cuivre et je serre les écrous en quinconce avec une clé dynamométrique . Je mes en place la pompe à eau avec du joint bleu , le moteur est prêt à être mis en place mais auparavant je nettoie le châssis en retirant tout les dépôts de graisse et d'huile à l'aide d'eau à haute pression . Je ponce toutes les traces de rouille et je pulvérise une couche d'apprêt . J'en profite pour démonter les tambours de freins  et remplacer les garnitures . Les jantes reçoivent elles aussi une couche d'apprêt .                            Maintenant je commence l'ossature bois de la partie arrière qui servira de support à la tôle . Pour les formes et les dimensions , je me sers d'une photo relevée d'un livre qui représente le modèle d'origine de la voiture , sauf que l'ossature était métallique mais malheureusement lors de la transformation en camionnette , cette partie à été détruite et demeure introuvable même chez les ferrailleurs donc je suis dans l'obligation de la réaliser en bois .    

L'ossature bois terminée , il faut passer à la mise en forme de la tôle . Bien sûr lorsque l'on frappe sur la tôle , les voisins n'apprécient pas forcément mais comme ils sont sympas , ils ne disent rien en espérant que cela ne va pas durer . Pour mettre en place les parties de carrosserie et les relier entre elles, il faut les souder . C'est là que je suis contraint de prendre des leçons de soudure ( par brasure et avec apport de métal ) . Les soudures réalisées , il faut meuler , dégraisser la tôle , passer une couche d'apprêt , poncer , repérer les défauts , enduire au synthofer, poncer et enduire à nouveau , ceci à plusieurs reprises jusqu'à élimination d'un maximum de défauts . Afin de repérer des petits défauts ,je remets encore une couche d'apprêt , je ponce  et là une multitude de mini défauts apparaissent donc il faut encore mastiquer et poncer , une dernière couche d'apprêt et un dernier ponçage et voilà enfin la voiture prête à recevoir la couche de peinture. Mais pour ne pas risquer de rayer ou de donner des chocs à la carrosserie , j'opte pour la mise en place du moteur fixé au châssis et accouplé à la boite à vitesses avec l'embrayage intercalé , je relie la boîte à vitesses avec l'arbre de transmission lui-même relié au pont arrière . Je fixe la dynamo , le démarreur , la bobine et me voilà parti dans le domaine électrique  (l'électricité automobile est différente de l'électricité bâtiment ) . Fort heureusement j'ai pu récupérer un schéma électrique ne concernant pas ce véhicule mais qui m'a permis d'en réaliser un et d'en comprendre le fonctionnement . Tous les fils sont fixés , par des cosses soudées , à leurs points respectifs dont certains arrivent sous le tableau de bord et d'autres au centre du volant . Je me procure une batterie 6 volts , je règle le delco , met des bougies neuves avec des fils neufs , règle la tension de la courroie , remplis d'eau le radiateur , fait le niveau d'huile moteur et boîte à vitesse ainsi que celui du pont et je mets de l'essence dans le réservoir .                       Le grand jour est arrivé et malgré le trac , je vais faire une tentative de mise en route . J'ouvre le robinet d'essence , le filtre que j'ai placé entre le réservoir et le carburateur se remplit donc l'essence arrive . Je met le starter et  je donne cinq ou six coups de manivelle pour appeler l'essence . Je mets le contact , je prends bien la respiration et voilà qu'elle se met à tousser, après une dizaine de coups de manivelle . Je suis trempe de sueur , sous l'effort d'une part , sous l'émotion d'autre part . Je retire le starter et après quelques coups de manivelle , elle se met enfin en marche . Certes , elle ne tourne pas bien rond mais elle tourne , le bruit  que le moteur émet est tellement beau que de voir ce moteur tourner en sachant d'où il vient , je n'ose pas couper le contact .

J'affinerai les réglages plus tard , je sais qu'elle tourne et cela me donne du courage pour poursuivre les opérations restantes . Tout d'abord la peinture . Je commence par les ailes en noir comme à l'origine . Pas évident pour faire un noir bien brillant en peignant dans un petit garage sans aspiration et dont le brouillard produit par le pistolet assombrit fortement l'éclairage déjà faible . Le lendemain , je poursuis par la partie basse de couleur claire . Avec du papier journal je cache toutes les parties ne devant pas recevoir de la peinture jusqu'à même le moteur car le brouillard de peinture pénètre de partout . Et me voilà , le pistolet en main  parti à étaler la peinture beige avec seulement deux petites coulures . Le lendemain je cache la partie beige . Là je fais attention de ne pas faire de coulures , peut être trop car une fois la peinture séche , je m'aperçois que je n'avais pas mis assez de peinture .Me voilà parti pour un ponçage supplémentaire et à recommencer la peinture de couleur bleue . Par contre cette fois-ci j'en ai trop mis et me voilà collectionneur de coulures en tout genre . Un nouveau ponçage est de rigueur et, sur les conseils d'un copain peintre j'ajoute un peu de durcisseur et je peints en tournant autour de la voiture par fines couches. Evidemment avec cette méthode , la réussite est au rendez-vous, mais le résultat final ne peut être de même qualité qu'une peinture réalisée par un professionnel

Une nouvelle tâche m'attend , la sellerie et le capitonnage . Le premier contact avec la machine à coudre n'a pas été évident, donc je commence par la réalisation des boudins qui assureront l'étanchéité à l'air des portières , ensuite par le revêtement des parties verticales qui seront agrafées sur l'ossature bois . Des couvre-joints recouverts de tissu fixé par des vis  avec cuvettes viendront cacher les agrafes , ensuite je réalise l'habillage du plafond , opération délicate . Je recouvre les sièges avec des tissus doublés avec 1 cm de mousse , en réalisant des coutures tous les 7 cm , la mousse et le tissu ainsi cousu forment des bourrelets . Pour finir , je réalise l'habillage des portières en incluant le vide poche . La partie couture terminée , je mets en place les diverses poignées , les boutons sur le tableau de bord , le moteur d'essuie glace , les rétroviseurs intérieur et extérieur et je termine l'installation électrique ( phares , veilleuses , clignotants , éclairage de la plaque minéralogique...... ;) Je fixe les planches des marchepieds recouverts d'une bande de caoutchouc maintenue en place par une cornière aluminium en L .

Après avoir affiné à l'oreille le réglage de l'allumage et le mélange air-essence du carburateur , je conduis la voiture sur une fosse pour appliquer une couche de blaxon sur le châssis , le dessous du plancher et des ailes . Me voilà fin prêt pour un essai sur route . C'est impressionnant !! Même à 60 km/h , il semble que ça va très vite. La direction est dure , il faut sans cesse rétablir l'équilibre directionnel . Et puis, les vitesses , il faut une certaine expérience pour éviter de les faire craquer . C'est tout de même merveilleux d'écouter vivre ce moteur qui revient de loin . Il serait dommage d'avoir un poste radio qui empêcherait d'entendre ce ronflement régulier produit par un moteur qui tourne lentement .

Enfin, voilà comment revit une vieille camionnette qui pensait finir ses vieux jours au fond d'un garage avant d'être détruite par un ferrailleur . Inscrite dans un club de voitures anciennes , elle participera à de nombreuses festivités . Elle aura l'occasion de faire de nombreuses balades sans problèmes majeurs . Jusqu'à ce jour elle à parcouru 23456 km

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