Louis Laurette

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    Site créé le 28 Février 2001
Réactualisé le 14 Avril 2003
   Réactualisé le 18 Juin 2005

            Charpente  1.gif (30253 octets)

 

Chef d'oeuvre présenté à Paris le 20 décembre 1968 lors du concours du Meilleur Ouvrier de France 1968 , ayant obtenu la médaille d'argent remise avec le diplôme ,  des mains du Général De Gaulle , Président de la République Française.

 

                         Alors que tous les garçons de mon âge faisaient le choix d'aller en formation chez un artisan, sur les conseils de ma mère, j'ai opté pour la formation au Centre d'Apprentissage de Saint Pé de Bigorre. Bien sûr, ce choix ne faisait pas l'unanimité de toute la famille, à l'évidence certaines tâches que j'accomplissais matin et soir et le dimanche seraient réalisées par d'autres. Peu importe, je restais ferme sur mon choix sinon j'étais contraint de faire ma formation chez un artisan maçon afin de ne pas être trop éloigné de la ferme, alors que depuis plusieurs années je rêvais d'être CHARPENTIER. Pour être admis au Centre d'Apprentissage il fallait remplir certaines conditions: 1. obtenir le brevet sportif, 2. obtenir le Certificat d'Etudes Primaires, 3. satisfaire aux tests psychomoteurs, 4. passer une visite médicale approfondie, et enfin, réussir le concours d'entrée au Centre d'Apprentissage. Le mois de juin fut un mois chargé en émotions et en inquiétudes, car pour moi c'était le seul moyen d'abandonner les tâches ingrates de la ferme. Imaginez la joie que j'ai eu lorsque j'appris mon admission définitive, mon rêve allait enfin pouvoir se réaliser, j'ai mis un bon moment pour réaliser ce qui m'arrivait......Les vacances terminées, la valise prête, me voilà le lundi 29 septembre 1958, premier jour de la Cinquième République, parti en camion  direction le pensionnat pour trois mois avant de retourner à la ferme. Même si Saint Pé n'est distant que de 80 km, ma mère n'ayant put obtenir de Bourses, il n'était pas question de faire des dépenses de transport, cela ne me dérangeait point, d'autant plus qu'en dehors des heures de cours et des heures d'études obligatoires, je pouvais enfin jouer aux différents jeux de ballon. Le dimanche matin, à condition de ne pas être puni, je pouvais jouer à différents jeux comme baby-foot, ping-pong, cartes....... tout en écoutant des disques. Tous ces jeux m'étaient jusqu'à lors inconnus.........Saint Pé de Bigorre, petite ville de mille habitants environ, située dans une vallée étroite et dont le Centre d'Apprentissage était construit à la sortie de la ville en direction de Pau, avec la montagne et la route d'un côté, la voie ferrée, le gave de Pau et la montagne de l'autre. A longueur de journée on apercevait la montée et la descente des télécabines qui amenaient les touristes à l'entrée des merveilleuses grottes de Bétharram........Nous logions dans des dortoirs, genre pavillon de 16 lits dont la surveillance de nuit était assurée par un élève de 3 ème année, responsable de la discipline, de l'extinction des lumières, de l'entretien journalier........Le réveil du matin était assuré par le tintement d'une cloche, il fallait se lever immédiatement. Après avoir fait la toilette à l'eau froide, s'être habillé, avoir plié les draps, les couvertures, le dessus de lit et la housse de pyjama, le tout bien rangé au pied du lit, c'est là que retentissait la cloche pour venir se mettre en rang sur 3 colonnes face à la route. Lorsque le silence était parvenu dans les rangs, le surveillant se décidait à nous faire traverser, colonne après colonne, la route pour se remettre en rang en silence devant la porte du réfectoire. A chaque table, désigné pour l'année, un élève de 3 ème année avait le rôle de chef de table, il répartissait les parts, assurait le calme, le ramassage des bols, plats, couverts, le tout entreposé en bout de table sans oublier le coup d'éponge. Table après table, nous voilà de nouveau en rang pour traverser la route sous la responsabilité d'un surveillant. Nous revenons au dortoir pour faire les lits. Ensuite et suivant une désignation faite en début d'année, chacun allait participer à l'entretien de l'ensemble des bâtiments et de leurs abords. Vingt minutes après, tout était propre, l'auto discipline facilitant la tâche puisque chacun, à longueur de journée, respectait réciproquement le quartier de l'autre. Voilà arrivée l'heure du rassemblement autour d'un carré en béton de huit mètres sur huit mètres, devant l'atelier de mécanique générale  dont les élèves étaient alignés sur un rang, par spécialité et par année sous la conduite du Surveillant Général qui venait faire le compte rendu de discipline de la journée précédente. Il faut dire que la moindre faute était sujette à retenue, et du lever du lundi matin jusqu'au lever du lundi matin suivant, les occasions ne manquaient pas de voir son nom figurer sur la liste des punis du samedi et du dimanche. Au moment même du rassemblement, des surveillants faisaient l'inspection des classes, dortoirs, abords, terrains de sport, préau..... à la recherche d'un morceau de papier sous le préau, d'un gobelet avec la brosse à dent mal aligné, d'un brin de poussière sur un petit bois de fenêtre........ Ensuite, chaque groupe allait s'aligner dans le calme devant la classe où l'atelier respectif. Gare à celui qui avait oublié une partie de matériel. A la deuxième séance de cours de dessin industriel j'avais perdu la gomme, le professeur s'en est aperçu, il s'approche de ma table et me dit: "lève-toi" et d'un coup de poing sur la tête suffit pour m'asseoir, "tu dois venir avec ton matériel" me dit-il. J'ai bien compris. Même en absence d'un professeur, le calme régnait dans la classe, les élèves qui n'avaient pas encore de punitions et qui désiraient rentrer chez eux en fin de semaine, se chargeaient de nous faire comprendre comment se comporter. Les punitions n'étant pas des récompenses, elles consistaient, suivant la saison, soit à arracher l'herbe des allées piétonnes, du mini-golf, soit à piler de la brique pour la construction du terrain de volley ou autre, soit à creuser des fossés............

          Arrive enfin le premier cours d'atelier que j'attendais avec impatience. Le professeur commence par une longue liste de conseils et de recommandations qu'il nous demande de respecter scrupuleusement sous peine d'un renvoi immédiat et définitif. Comme en tout lieu dans et au dehors de l'établissement et en toute circonstance, il y a toujours un élève de désigné comme responsable, et voilà que le hasard fait que c'est moi qui suis désigné pour les trois ans à venir. Je devais faire l'appel et enregistrer les absences, faire respecter la discipline et le calme dans l'atelier et dans tous les déplacements, et à la fin du cours, assurer le rangement de l'outillage collectif, le balayage et le rangement des établis. Nous avions chacun un établi avec deux tiroirs sans fermeture, un pour les premières années, l'autre pour les deuxièmes et troisièmes années. Malgré les consignes du professeur, j'ai un jour utilisé un ciseau à bois du tiroir de l'élève de deuxième année parce qu'il coupait mieux que le mien, il s'en est aperçu, l'explication a été telle que je ne m'y suis pas aventuré une seconde fois. Tout au long de la première année, tous les exercices étaient entièrement réalisés manuellement...........Après le repas du soir venait l'étude obligatoire sous la responsabilité d'un surveillant. Ensuite c'était l'heure du coucher avec le calme absolu après l'extinction des lumières.                 Jour après jour, voilà l'approche des vacances de Noël. A cause d'une grippe, mon retour à la ferme à été avancé d'une semaine. Alors que je me chauffais au coin de la cheminée, le facteur apporte le bulletin trimestriel, j'en tremblais de crainte d'apprendre que les résultats soient moyens surtout lorsque j'entendis une voix dire " enfin nous allons voir ce que ce.......  fait au centre alors que nous nous travaillons " A l'ouverture de l'enveloppe, les paroles ont baissé d'un ton, ce qui n'était pas fait pour me rassurer. La surprise fut grande lorsque ma mère enfin en possession du bulletin m'annonça que j'étais le premier d'une classe de vingt trois élèves avec malheureusement treize et demi de moyenne générale alors qu'il fallait avoir quatorze de moyenne pour être inscrit au tableau d'honneur. Je dois dire que ma mère était contente alors que d'autres l'étaient moins, quant à moi  il me fallut un bon moment pour réaliser ce qu'il m'arrivait, que je n'étais plus le bon à rien maintes et maintes fois entendu. Maintenant je me devais de ne pas décevoir, il fallait faire mieux et c'est ainsi que j'ai fait le maximum durant les trimestres suivants d'où les résultats suivants pour les trois années : neuf places de premier, inscrit cinq fois au tableau d'honneur, trois prix de récompense, un prix d'excellence. Début janvier, retour au centre pour un nouveau trimestre de pension. Comme nous n'avions pas d'autorisation de sorties, les après midi du mercredi, du samedi et du dimanche étaient réservés aux promenades accompagnées pour aller soit au bord du gave, soit dans la montagne.......... c'était la seule occasion de traverser la ville en rang par trois sans chahuter évidemment.              Durant le deuxième trimestre, deux élèves charpentier de troisième année faisaient une fois par semaine, une collecte d'argent pour la participation aux frais occasionnés par l'organisation de la fête patronyme des charpentiers " Saint-Joseph " le dix-neuf mars. Ce jour là pas de cours pour les charpentiers, les professeurs étaient invités à midi au pot de l'amitié autour d'une table dressée au milieu de l'atelier et décorée par nous même. Musique, chants et contes d'histoires drôles venaient se mêler au vin blanc. Le repas de midi avec un menu amélioré mettait fin à cette journée de fête......           Et voilà que de fil en aiguille, après trois années passées au pensionnat à suivre les cours avec sérieux, d'autant plus que j'étais super motivé surtout pour les cours de dessin industriel et les cours d'atelier ( car là se réalisait mon rêve ). Survint la dernière ligne droite :" l'examen  ". Pour être présenté par le Centre, les professeurs organisaient des examens blancs, où il fallait en réussir deux sur trois, sinon il fallait se présenter en tant que candidat libre. Le mois de juin est là et me voilà parti à Tarbes pour passer les épreuves écrites du CAP. Le lendemain, à St Pé, se déroulait l'épreuve pratique sur une durée de trois jours. Les résultats ont été connus fin juin. J'étais heureux de voir mon nom sur la liste des admis. Malgré la dureté du pensionnat, je garde un bon souvenir de cette période. Je ne suis pas rentré à la ferme. Durant les vacances d'été deux ans en arrière, alors que j'étais, avec mon frère jumeau, en colonie de vacances à l'Océan atlantique, pour cause de problèmes familiaux ma mère avait déménagé pour résider à Castelnau-Magnoac. Par la suite, elle à acheté une maison qu'elle a restaurée avec la participation de mon frère et de moi-même.

       Maintenant que j'avais un métier, je rentrais dans la vie active. Afin de parfaire mes connaissances, je débutais dans le Compagnonnage à Toulouse. Mon premier patron m’a mis tout de suite dans l'ambiance ( dureté et hautes exigences du métier ). Le premier jour, me voilà sur un échafaudage à trois mètres du sol avec le fils du patron pour réaliser l'ossature en bois destinée à recevoir un bardage en tôles translucides. Evidemment la première pointe que je cloue, celle-ci se tord. Le fils du patron me dit ceci : " pour éviter de fabriquer des hameçons, tu vas mettre ta casquette sous le bras et chaque fois qu'elle tombe tu vas la chercher «. Après une dizaine de descente et de montée d'échelle la casquette ne tombait plus et les pointes ne se tordaient plus.  Inutile d'avoir les mains aux poches alors qu'il y avait des pointes sur le sol, même si il y en avait pas il valait mieux faire semblant d'en trouver que d'être dans la lune. C'était dur mais ô ! combien formateur. Lorsque je suis revenu travailler à Castelnau-Magnoac, le patron n'était pas plus souple. Pour lui un jeune qui avait un CAP n'avait que des connaissances théoriques qui ne servaient à rien. Comme les activités de l'entreprise concernaient surtout des travaux de maintenance de couverture comme le remaniement des toitures en tuiles canal, le toit de l'Eglise en est un exemple. Pour les toitures neuves, j'ai participé à la réalisation de la charpente et de la couverture des ateliers et d'un magasin de meubles détruit à la suite d'un incendie, à la charpente, la couverture et la pose de parquets du pensionnat du couvent. A l'atelier, j'ai participé à la fabrication de portes et de fenêtres, d'escalier.......La semaine de travail était de six jours avec cinquante six heures. Le nettoyage de l'atelier et l'évacuation des copeaux se réalisaient généralement le samedi soir après l'heure de travail. Le salaire hélas était très bas, la première quinzaine était destinée à ma mère pour la dédommager des frais de pension et de remboursement d'achat d'une mobylette, la deuxième quinzaine je la consacrais aux frais d'essence, aux chaussures, à l'habillement et à l'épargne en prévision des frais que le service militaire allait occasionner. La quinzaine où j'ai acheté une gabardine pour me protéger du froid et de la pluie lorsque je roulais en mobylette, il m'est resté dix francs d'argent de poche, et ce mois là je suis allé me désaltérer plus souvent à la pompe de la fontaine sur la place qu'au bar. L'hiver, lorsque les bals se trouvaient éloignés, un forain très sympa et qui logeait dans un car stationné sur la place, nous y amenait à plusieurs pour un franc chacun. Il en profitait pour aller vendre des cacahuètes, et parfois le même soir il allait dans plusieurs bals car pour lui l'entrée était gratuite. Après dix huit mois passés  dans cette entreprise où j'ai acquis une certaine expérience sur la maintenance et la restauration d'ouvrages anciens mais voyant qu'il n'y avait pas d’évolution de salaire et pas d'évolution de carrière, encouragé par ma mère, je me décide à partir ailleurs.

            Me voilà engagé dans une entreprise générale du bâtiment, embauché en tant que Charpentier-Coffreur. Je participerai aussi à différents travaux tels que montage et conduite de grue de chantier, réalisation d'armatures de poutres et de poteaux en béton armé........A la fin de la première journée le patron me demande pour le lendemain, de rejoindre un autre chantier. Ce matin là je me retrouve avec une dizaine d'ouvriers sous un hangar destiné à l'entretien des autocars. Le patron arrive avec des plans et il s'adresse directement à moi pour m'expliquer les travaux à réaliser. Il s'agissait pour moi d'indiquer les implantations des murs avec le cloisonnement des bureaux et du magasin de stockage de pièces et de matériels divers nécessaire à l'entretien. Trois fosses étaient aussi à réaliser. J'attire l'attention du patron sur le fait que je n'avais aucune compétence dans la fabrication du béton et la conduite de la bétonnière. A ces propos, il me rétorque, " les autres ouvriers s'avaient faire, vous devez seulement faire les diverses implantations et surveiller que les dimensions et les aplombs soient respectés " et en partant il me dit " je compte sur vous pour que le chantier avance bien " Me voilà investi d'une mission nouvelle pour moi surtout que les ouvriers de l'équipe devait avoir une moyenne d'âge d'environ trente cinq ans. J'apprit plus tard qu'ils avaient peu de compétences dans la lecture des plans. Une preuve que la détention du CAP servait bien à quelque chose. Le chantier terminé, je  participe à la construction d'un immeuble de onze étages sous la responsabilité d'un chef de chantier, ancien charpentier. Il m'a attribué la responsabilité des coffrages ( poteaux, poutres, planchers, balcons, escaliers et cages d'ascenseurs. Pas toujours facile de communiquer avec les ouvriers car tous étaient d'origine espagnole et portugaise. La pénibilité du travail était surtout due aux intempéries, mais le plus dur était lorsqu'il fallait décharger le semi-remorque de ses trente huit tonnes de sacs de ciment pour les stocker dans la baraque de chantier. Imaginez, un sac de cinquante kg sur l'épaule d'une personne de soixante deux kg, les dix premiers paraissaient légers par rapport au cinquantième et là, personne ne prend votre place dans le rang. Tout comme pour le chargement des gravats dans le camion, là non plus personne pour prendre votre pelle et votre place. Après six mois passés dans l'entreprise, je suis appelé sous les drapeaux pour accomplir mon service militaire. J'ai fait trois mois à Sathonay près de Lyon pour apprendre à marcher au pas, le maniement des armes, la conduite de voitures et de camions, à obéir et à respecter la discipline. Après avoir obtenu les permis de conduire,  je suis affecté à la caserne Caffarelli de Toulouse, dans la cinquième compagnie du train. Un camion m'est attribué avec lequel j'ai effectué des missions diverses comme le transport de matériel, de munitions, de personnes....J'ai transporté des militaires en manoeuvre durant un mois au camp militaire de Caylus et un mois au camp militaire du Larzac. Après avoir obtenu le permis de conduire moto et de transport en commun,  un autocar m'est avec lequel j'ai effectué des missions de transport de personnes en semaine ainsi que le dimanche aux stations de ski de Superbagnères et de Barèges. Je garde de bons souvenirs des bons moments passés durant cette période, les seuls mauvais moments étaient dus au manque d'argent, mais comme je n'étais pas seul dans ce cas, la solidarité s'opérait autour des vrais copains. Je remercie le service des armées de m'avoir validé le permis de conduire militaire que j'ai par la suite fait valider en permis de conduire civil. .........Enfin, dégagé des obligations, je retourne au travail, toujours au sein de la même entreprise. J'ai réalisé la charpente et la couverture d'un immeuble ainsi que celle d'un pavillon, et l'occasion m'a été donnée d'apprendre à faire de la maçonnerie ( monter des agglomérés, crépir, enduire.....).....Si avant le service militaire j'étais bien logé, dans un petit immeuble de la place Verdun, cela n'à pas été le cas à mon retour. Mes moyens financiers étant faibles, malgré une restauration à tarif correct, j'ai dû me contenter d'une chambre d'hôtel sans eau courante et sans toilettes, située dans l'arrière cour d'un hôtel. Considérant que mon salaire n'était pas suffisamment élevé, le patron à été d'accord pour me laisser voguer vers d'autres cieux.

            De la gare SNCF de Pau, avec mon vélo, la caisse à outils et la valise, me voilà parti rejoindre l'entreprise de charpente sise à Billères, proche banlieue de Pau. Je suis reçu par le directeur technique qui en est en quelque sorte le patron, il me confirme les conditions d'embauche, salaire avec logement gratuit assuré par lui-même dans un petit chalet de démonstration situé proche de l'atelier.

                 Chalet de démonstration qui me servait de logement

Chalet de quatre sur trois mètres avec une porte et une fenêtre, le mobilier est composé seulement de deux lits. Le second lit est occupé par un collègue de travail qui vient d'effectuer sa première journée de travail et qui m'a fait peur au point de me demander, avec la main sur la poignée de la valise, si je ne devais pas repartir de suite. Il parlait du travail dans cette entreprise comme si depuis dix ans il en était le chef d'atelier et le chef de chantier, je me sentais bien minable. Dès le lendemain, j'ai compris qu'il était un excellent menteur professionnel, alors que c'était la première fois qu'il mettait les pieds dans un atelier de charpente..........

                                      Charpente pour habitation sous combles

L'entreprise était une vraie entreprise de charpente qui réalisait des belles structures complexes avec une haute qualité d'exécution, avec de belles réalisations d'escaliers. L'entreprise comprenait un directeur technique, un dessinateur et quinze ouvriers dont huit ouvriers qualifiés parmi eux, trois ouvriers hautement qualifiés, je fus le quatrième trois mois plus tard. L'atelier était implanté au milieu des hangars d'un négoce de bois dont le gardien était le père du directeur tehnique, ancien charpentier, qui l'avait précédé dans cette fonction et qui, avec ses cent trente kg en faisait une stature imposante. L'organisation du travail se répartissait en quatre groupes, deux groupes à l'atelier qui traçaient et exécutaient les charpentes et les escaliers, deux autres groupes avaient en charge la pose des escaliers et le levage des charpentes, la couverture en tuiles et en amiante ciment, pose de parquets. Comme la plupart des charpentes étaient prévues pour des logements sous combles et comportaient des lucarnes, il arrivait que nous soyons chargés de l'agencement intérieur.

                               Charpente pour logements sous combles avec croupe normande. Pose du traditionnel "Bouquet"par François et Henri
     
                                      Salle de restauration posée sur une terrasse de la préfecture de Pau entièrement réalisée en bois
     
                             Façade en colombages pour un pavillon construit à Barbazan-Debat
     
                                   Arcs en bois lamellé collé pour la réalisation de serres de culture de légumes

Comme dans toutes les entreprises de charpente, l'été le travail était abondant alors que l'hiver l'activité était moindre donc réduction temps de travail avec comme incidence diminution de salaire. Et c'est dans ces circonstances qu'un jour le directeur technique vient me voir avec un bout de papier dessin qu'il avait déchiré de la table à dessin sur lequel en rêvant, le dessinateur avait griffonné une perspective.

                                                                       Chalet en Béarn

Elle représentait un chalet en forme d'ogive avec lucarnes dont la toiture parvenait presque au sol. " Louis " me dit-il " faites une étude de faisabilité de ce croquis " J'ai commencé par faire une maquette rapide pour vérifier certains détails de tracé de courbes. Avec lui et le dessinateur nous avons mis au point, les plans, les détails d'exécution et de pose rapide car nous avons prévu une structure en lamellé-collé supportant des panneaux. Ces panneaux fabriqués à l'atelier comportaient de l'isolant enserré entre deux feuilles de contreplaqué, une face était le plafond fini, l'autre était le support direct de la couverture réalisée en bardeaux bitumés. Il est évident que ces panneaux ne devaient pas prendre l'eau d'où une pose rapide. L'ensemble de la structure était assemblé avec les panneaux de façades comprenant des ouvertures pour les portes et les fenêtres. Ceci paraissait assez simple pour la fabrication et la pose, et le directeur technique me demande d'approfondir l'étude en vue de fabriquer des chalets de différentes dimensions. A partir du modèle de base comprenant un séjour, une chambre avec cuisine et salle d'eau, il fallait passer aux modèles, à deux, trois et quatre chambres avec un maximum d'éléments standards, problèmes de fabrication et de productivité. La réalisation d'un prototype était nécessaire pour bien finaliser l'étude et en profiter pour faire une étude de marché. La fabrication du premier chalet terminé il fallait vérifier s'il n'y avait pas de problèmes de pose. L'occasion est arrivée naturellement avec la foire exposition de PAU au mois de septembre. Avec une équipe de deux jeunes charpentiers, nous avons procédé au levage, il nous à permis de faire une analyse plus précise des problèmes rencontrés. Le jour de l'inauguration arrive avec un franc succès autour de notre chalet. Le moment est venu pour ouvrir la bouteille de champagne et arroser par la même occasion mon union avec Laurette deux mois plus tôt et mes vingt deux ans acquis quinze jours auparavant.

                                

          

               
        Montage du chalet prototype sur le champ de foire de Pau      Durant la foire exposition, Laurette "Hôtesse d'accueil" recevait avec charme, les visiteurs impressionnés par la forme du chalet    La foire exposition terminée, le chalet fut démonté et remonté pour servir de bureau à une entreprise de menuiserie

Par la suite nous avions fabriqué et posé quelques chalets pour des particuliers jusqu’au jour où un groupement de communes du pays basque nous demande de réaliser un village de vacances en haute montagne dans la " Forêt d'Yraty " une des plus belle forêt de hêtres d'Europe. Ce village allait être composé de plusieurs chalets de dimensions différentes et d'un hôtel-restaurant. Le chantier étant important, il fallut faire appel à deux autres entreprises, une entreprise fabriquerait les panneaux de toiture, l'autre fabriquerait les panneaux de façades avec les menuiseries, nous en tant qu’entreprise pilote, nous revenait la fabrication de l'ossature et des planchers. J'étais chargé de la coordination et de la surveillance des travaux entre les trois entreprises. La fabrication terminée, mon entreprise a été chargée du levage et de l'agencement intérieur. Une entreprise de couverture en à assuré la mise hors d'eau. Dès l'arrivée sur le chantier, avec une équipe de quatre ouvriers, le plus urgent à été de monter un chalet pour s'y loger car le premier village se situait à deux heures de montée sur des chemins non aménagés. Le chantier approvisionné en matériaux et outillage, nous commençons par l'implantation, les fondations, bâtir une rangée d'agglo bien de niveau, poser le plancher bas, deux rangées d'agglo. Ensuite arrive le levage de la partie centrale, puis les panneaux de façades ainsi que la pose du plancher haut. La partie délicate étant les panneaux de toiture. A la fin de la première semaine le chalet avait reçu la couverture en bardeaux bitumés couleur vieille tuile.

                                                    
            Après la pose du plancher bas, montage de la partie centrale           Levage des panneaux de façades et pose du plancher haut           Couverture du chalet utilisé pour notre logement de nuit

Et puisque le chalet devient notre chambre, a l'extérieur nous installons en hauteur un fût de deux cent litres qui nous alimentera en eau notre lavabo réalisé en planches. Au lever un débarbouillage rapide à l'eau froide, entourés des vaches qui venaient chercher les restes de pain, nous mettait en forme pour la journée surtout, en étant sur place, les journées de travail étaient de quatorze heures, les chalets devaient être montés rapidement. Des fondations aux panneaux de toiture il fallut pas moins de dix jours avant de poser le traditionnel bouquet de fleurs sur le faîtage de l'hotel-restaurant. L'aménagement intérieur avec les conduites d'eau et les évacuations ainsi que les gaines électriques étaient aussi a notre charge. Les mois de mai et juin 1968 furent nécessaires pour mener à bien ce formidable chantier.

                                                                
       Vue de dessous du plancher haut   Vue de la structure autour de la lucarne        Vue de la structure. Croisement des faîtages-arcs de noues-arcs courants
                                                                    
       Vue de l'ensemble de la structure de l'hotel-restaurant       Vue de l'ensemble des plafonds des chambres          Vue des plafonds depuis la salle restaurant
                                                                           
               Autre vue des plafonds               Autre vue des plafonds           Vue de l'ensemble des panneaux support de la couverture

C'est durant cette même année que je réalisais le concours du Meilleur Ouvrier de France. A la suite d'une restructuration de l'entreprise je fus engagé dans une entreprise générale du bâtiment à Pau. En plus de l'atelier charpente, la structure de l'entreprise comprenait en outre un atelier de menuiserie, un atelier de métallurgie et de ferraillage béton. L'entreprise fonctionnait avec près de soixante ouvriers y compris les maçons. Le patron, ancien charpentier, formait lui-même ses chefs de chantier eux-mêmes anciens charpentiers. Mon activité principale au sein de l'entreprise, était la fabrication de coffrages spéciaux faisant appel aux connaissances du tracé de charpente et lorsque trois mois plus tard je lui annonce mon départ pour rejoindre l'Education Nationale, le patron était déçu et sa femme encore plus, elle a tout fait pour m'en décourager en me disant par exemple que j'allais entrer dans un milieu inhumain où je ne serais plus qu'un numéro parmi les autres, j'ai appris plus tard à mes dépens qu'elle n'avait pas tout à fait tort.

 
Vue de dessus Vue de face Vue de dessous

 

 

36 ans après je suis revenu en ces lieux comme un pèlerinage, revoir cette belle forêt  avec toujours les chalets. J'ai eu l'occasion de faire la connaissance de 3 chanteurs basques fort sympatiques

Un chalet " Gabizeau" La  salle du restaurant dont un groupe de chanteurs basques animent la soirée par des chants basques. Ce soir là, ils m'ont fait l'aubade à l'occasion de mes 60 ans

 

Au milieu de cette belle forêt, un terrain de camping d'un calme étonnant, seul le vent dans le feuillage pour vous bercer

 

 

       

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Cette page a été mise à jour le mardi, 17. octobre 2006 19:41:38.